Femmes et précarité : Oser en parler
Le pouvoir d’agir des personnes est au centre du Projet national et départemental du Secours Catholique, et ce pouvoir d’agir est lié à la libération de la parole des personnes et plus particulièrement celle des femmes. Elles expriment avec beaucoup d’émotions, de vérité et de pudeur leurs conditions de vie. Elles ont décidé de témoigner pour exister, sortir de leur enfermement, ouvrir les yeux, interpeller les responsables politiques, changer les regards et les comportements, donner espoir, s’en sortir…
“Il était agressif, il buvait, se droguait. Il me frappait. J’étais la bonne de la famille… Je voudrais pouvoir travailler, avoir un logement, une vie normale.” (Lola)
“La précarité c’est lorsque les enfants vous disent qu’ils ont faim et que je ne peux pas acheter à manger. J’étais au fond du gouffre, j’avais honte de parler de ma situation. Je choisis quelques fois lorsque j’ai un peu d’argent soit d’emmener mon fils en visite médicale pour les vaccins, soit d’acheter des couches. Je choisis au plus important.” (Mireille)
“Le sentiment d’être pris au piège est dévorant.“ (Patience)
“L’angoisse, la peur de ne pas savoir où dormir avec les enfants, passer la journée au parc, à l’espace solidarité…Je gardais la Foi. Et une attitude positive pour mes enfants et moi.” (Alicia)
“Ce qui me faisait mal c’est que j’étais la cause de la souffrance de mes enfants… Pas de goût à la vie, je ne sens même pas que je suis une femme.“ (Sara)
“C’est difficile de tout faire, de penser à tout quand on a plein de soucis. Je veux faire connaître nos difficultés. Le plus dangereux c’est de perdre espoir.” (Aïssatou)
“Pôle Emploi me propose continuellement les mêmes emplois d’agent d’entretien alors qu’ils connaissent mon handicap et ont le dossier médical… Je ne me sens pas écoutée. Mon rêve, être écoutée et comprise par les administrations.” (Sabrina)
“Quand il peut avoir un cadeau en fin d’année car moi je n’ai rien. Je ne peux même pas lui offrir quelque chose.“ (Nindjani)
“Je suis sortie les larmes aux yeux, assise sur un banc avec les filles. C’était au point où un euro pour moi c’était un rêve. Quand je dis un euro, oui, un euro : la baguette c’était un rêve… Là où il faut parler et expliquer mon besoin, je n’y arrivais pas, je meurs mille fois avant de demander de l’aide.” (Hamida)
“Mon histoire est une suite de « miracles » au milieu d’une multitude de difficultés : être accueillie, écoutée et aidée. Je vis mon destin avec des embûches mais pas les bras croisés.” (Kadidia)
Les besoins fondamentaux ne sont-ils pas les mêmes pour tout le monde ?
Pourquoi certaines mères de famille doivent choisir entre nourrir leurs enfants, les soigner ou les vêtir ?
Pourquoi la liberté, la vie (normale), la sécurité n’ont-elles pas la même définition pour toutes les mères de famille ?
Que ferions-nous à la place de ces femmes qui témoignent de leur situation ?
Aurions-nous pu gérer les choses autrement ?
Comment rester digne, ne pas flancher, protéger ses enfants de la vérité et de la souffrance ?